Centre Aqualudique


Le centre aqualudique compris dans le complexe de Plagne Aime 2000.


En préambule, j’ose espérer que les éléments chiffrés de source communale ci-après utilisés dans ce paragraphe, sont issus d’une réelle étude marché et d’un business plan dont notre commune a la trace, sans quoi il ne serait absolument pas sérieux et irresponsable de les avoir mis sur la place publique, ou qu’ils aient servis à valider la présence d’une telle infrastructure au sein du projet de Plagne Aime 2000.

Il nous a été expliqué que l'équipement de 2 600 m² sera totalement financé et géré par un investisseur privé, avec un engagement minimum sur 15 ans. Le coût estimé est de 14 millions d'euros, et l’exploitation est basée sur une entrée à environ 3.50 € par personne.

Nous comprenons donc, que cet investisseur sera bien propriétaire de l’ensemble de ce centre aqualudique, murs compris.

Sous réserve que ces chiffres soient les bons, bien qu’ils soient issus de la communication communale, nous allons faire un calcul simple sur ces bases chiffrées, et faire un parallèle avec les données vérifiées du secteur concernant l’exploitation des centres aqualudiques de montagne, et apporter quelques remarques qui vont confirmer l’inquiétude plus que justifiée de nos concitoyens concernant cette installation, j’en suis certain.

Hypothèse 1 source mairie :

-14 millions d’euros d’investissement pour l’investisseur

-15 années d’exploitation minimum

-3.50€ par entrée

Ce qui ferait pour une année d’exploitation :

14 000 000€/15 ans/3.50€ = 266 666 entrées

Il faudrait donc 266 666 entrées par an pour ne faire qu’équilibrer l’investissement, sans parler du coût de fonctionnement du centre.

Premier problème et pas des moindres, il s’avère que si nous prenons les chiffres vérifiés du secteur de 2018 (source exploitants), la fourchette de fréquentation sur l’année d’un centre aqualudique de montagne varie de : 70 000 à 140 000 entrées, et seulement deux sites sur le total des 17 sites existants passent la barre des 200 000 entrées : Serre-Chevallier 222 000 entrées et Tignes 204 000 entrées.

Cela coince déjà sérieusement me semble-t-il, car pour ne faire qu’équilibrer l’investissement du futur centre aqualudique d’Aime 2000 sur 15 ans, il faudrait 44 666 entrées de plus à l’année que le meilleur performeur en la matière, le centre aqualudique de Serre-Chevallier, qui se trouve être en fait au sein d’un centre thermal, ce qui lui assure une bien meilleure fréquentation, ce qui ne sera pas le cas à Aime 2000.

Deuxième problème, et pas des moindres pour le futur centre d’Aime 2000, c’est l’amplitude maximum possible d’ouverture de celui-ci sur l’année.

Je précise avant toute chose que mon calcul se base sur une hypothèse totalement irréalisable, mais je veux bien accorder à notre maire le fait que dans la théorie, le calendrier permet ces ouvertures.

-Partons donc sur 120 jours d’exploitation hivernale, et 60 jours en période estivale, qui se trouve être l’hypothèse maximale théorique d’exploitation possible du centre, car il est totalement illusoire de croire à une fréquentation du site en dehors de ces périodes, vu le positionnement isolé et éloigné de celui-ci, et surtout en fonction de sa non-occupation touristique à ces périodes.

Cela nous donne 180 jours d’ouverture à l’année. Calculons donc maintenant, le chiffre d’affaire par jour d’ouverture à réaliser :

Cela donne : 14 000 000€/15 ans/180 jours = 5185€ de chiffre d’affaire par jour d’exploitation à réaliser, soit 1481 clients à 3.50€ par entrée.

Qui peut croire que cette hypothèse maximum va être la réalité, à savoir que la fréquentation du centre aqualudique sur tout l’hiver et tout l’été puisse être de 180 jours, avec 1481 personnes par jour d’ouverture, cela sans manquer une seule journée d’exploitation ?

C’est impossible et cela relève à nouveau du rêve et du n’importe quoi absolu, car nous dépasserions en fréquentation de 47% ce qui se fait dans 15 des 17 sites des alpes Françaises, et de 17% le meilleur de tous les sites, tout en perdant malgré cela environ 400 000€ en moyenne par an en fonctionnement, ce qui est la moyenne observée des pertes du secteur.

Ce ne sont pas des investisseurs que Mme le maire doit chercher, mais des philanthropes, ou des personnes très riches qui ne savent pas compter, ce qui n'existe pas vraiment.

Cette deuxième catégorie de personnes n’existant pas, cela va être très compliqué de trouver ces hypothétiques investisseurs.

Voici maintenant un échantillon représentatif de la réalité observée sur le terrain en 2018 du fonctionnement de 5 des 17 centres aqualudiques de stations de sports d’hiver dans les Alpes, pour prouver si cela était encore nécessaire, l’impossible rentabilité de ce type d’infrastructure en stations de sports d’hiver, mais pas seulement.

(Le tableau ci-dessous est issu des chiffres vérifiés du secteur)

Chiffre d’affaire annuel Charges d’exploitation Déficits Entrées

Oxygen Val d'Isère 806 000€ 1 273 000€ 467 000€ 140 000

Le Lagon Tignes 893 000€ 1 463 000€ 570 000€ 204 000

Val Tho + Les Menuires 1 509 000€ 3 425 000€ 1 916 000€ 106 000

Aqua motion Courchevel 2 433 000€ 2 717 000€ 284 000€ 125 000

Grands Bains Monêtier 3 210 000€ 3 380 000€ 170 000€ 222 000

(Moins déficitaire car

Station thermale)

Vous aurez compris que même en partant d’une hypothèse de fréquentation hyper optimiste impossible à réaliser, le futur centre d’Aime 2000 ne peut pas fonctionner, et cela déjà, sans tenir compte des charges d’exploitations qui ne feront que noircir davantage le tableau.

Cela est absurde et n’a aucun sens économiquement parlant, pourtant, ce sont bien les bases qui ont servi à nous dire depuis six ans qu’il y aurait au sein du projet d’Aime 2000 un centre aqualudique financé par un ou des privés qui seraient prêts à dépenser 14 millions d’euros et en assureraient la gestion sans que nous contribuables locaux n’y mettraient un seul centime, cela nous a été garanti par notre maire.

Dans l‘hypothèse d’un fonctionnement à 140 000 entrées à l’année, qui est l’hypothèse maximum rencontrée dans le vrai monde (pour 15 des 17 installations de ce type existantes en montagne), et non pas dans un monde fait de rêves, il faudrait 30 ans pour ne faire qu’équilibrer l’investissement, cela toujours en perdant de l’argent chaque année (400 000€ en moyenne pour le secteur).

Mais même ces 140 000 entrées seront impossibles à comptabiliser en fonction des disponibilités du site et de l’amplitude d’ouverture possible d’une telle infrastructure sur le site d’Aime 2000, car cela ferait encore 777 entrées par jour à réaliser sur à nouveau 180 jours d’exploitation, ce qui est impossible à atteindre comme objectif.

Après cette démonstration édifiante, nul doute que le prix d’entrée de notre centre va grimper pour me faire mentir, mais il devra alors augmenter sérieusement, et la promesse d’un accès garanti pour tous, se transformera en accès pour privilégiés.

Si on fait la moyenne des tarifs appliqués des 17 centres aqualudiques existants en stations de ski, on arrive à 13€ l’entrée, avec pour le tarif le plus bas 5.80€ et 29€ pour le plus haut.

Nous pouvons déjà observer que les 3.50€ imaginés dans notre cas Plagnard sont complètement hors sujet.

Si nous prenons pour exemple les tarifs du centre aqualudique de val d’Isère qui sont de 7,60 € par entrée, soit un peu plus du double de ce qui a été imaginé pour Aime 2000, l’hypothèse de notre maire ne fonctionne toujours pas, car il faudrait encore 682 clients par jour sur 180 jours, ce qui est impossible à réaliser comme expliqué plus haut, avec de plus un investisseur qui perdrait de l’argent pendant 15 années consécutives, car même dans ces conditions, l’opérateur du centre ne couvrirait toujours pas le coût de l’exploitation de celui-ci.

Inutile de dire qu’aucun investisseur ne se présentera, et que les Aimerains seront les « fameux investisseurs » imaginés.

Mais là Mme le maire, cela va devoir rester dans votre imaginaire, car aucun Aimerain ne mettra un centime dans une opération comme celle-ci vouée à l’échec dès le départ.

Dans 100% des cas il s’agît d’investissement public en la matière, et nous serions les premiers à trouver un investisseur prêt à perdre de l’argent.

Nul doute que notre modèle va s’exporter dans toutes les stations et partout en France…

Dernière remarque qui concerne la période estivale.

La création de centres aqualudiques n’a pas eu pour effet de relancer la fréquentation des stations de ski durant cette période de l’année :

Val d’Isère : – 36% depuis 2010

Serre Chevallier : – 10% depuis 2010

L’explication que vous avez sous les yeux Mme le maire, s’apparente à une étude de marché minimale que vous auriez dû faire avant de donner des chiffres, et surtout d’imaginer une infrastructure que personne ne financera à part les contribuables locaux, mais cela, Mme le maire relève à nouveau du domaine du rêve total, car personne dans la commune d’Aime nous pouvons vous l’assurer, ne vous laissera engager notre commune pour un type d’équipement que tout le monde fini par regretter d’avoir construit partout en montagne et ailleurs.

Ces centres se trouvent être régulièrement épinglés par la cours des comptes dans ses rapports quant à leurs exploitations déficitaires qui mettent à mal les finances des villes ou communes concernées.

À bon entendeur…

Mme le maire, puisque qu’un centre aqualudique serait l’investissement à faire absolument, avec aucuns risques, alors financez le vous-même avec vos propres deniers, ou alors, consultez au préalable notre population pour obtenir son aval, en précisant bien avant cette consultation, qu’il faudra réunir au minimum 80% d’avis favorables de la part de nos concitoyens pour cette réalisation, sans quoi rien ne se fera.

Toutes ces infrastructures de ce type sont subventionnées ou finissent par l’être tôt ou tard, et les habitants de notre commune nouvelle ne seront pas les dindons d’une mauvaise farce que notre maire nous aurait préparé.

Puisque nous en sommes au registre de l’irrationnel et de l’impossible, toujours en citant notre maire, il nous a été donné comme argument pour « améliorer » l’adhésion au projet de la part de nos concitoyens qui lui sont très majoritairement réfractaires, que les locaux, en particulier les scolaires du fond de vallée, pourraient profiter de cette infrastructure en lieu et place de la piscine de Bourg Saint Maurice par exemple, car la durée du trajet pour rejoindre le site d’Aime 2000 était sensiblement la même.

Notre maire ne connaît vraiment pas son territoire, car il faut 15 minutes pour aller à la piscine de Bourg St Maurice et 30 minutes pour rejoindre le site d’Aime 2000 depuis Aime, soit le double, et donc 30 minutes de plus sur l’aller-retour de perdu dans un emploi du temps scolaire déjà très contraint.

De plus, que dire de ce trajet quand les routes sont enneigées ou les temps d’accès peuvent même doubler ?

Dans le même registre, il me semble également que nous en sommes plutôt à limiter les trajets routiers inutiles qu’à les multiplier dans le contexte environnemental présent et à venir.

Mme le maire doit alors penser qu’il serait plus judicieux de se rendre sur le site d’Aime 2000 en empruntant l’hypothétique liaison vallée-station, qui pour le moment en est tout juste au niveau des études préliminaires après six ans d’annonces à répétitions…, déplorable.

La seule occasion certaine qui sera donnée à nos concitoyens de profiter du futur centre aqualudique, sera celle qui nous sera donnée de régler les factures liées à son fonctionnement si d’aventure ce dernier devait faire partie des cadeaux dont l’aménageur du site nous gratifierait.

Rien que ce sujet mériterait un exposé à lui seul, car après toute cette démonstration, je n’ai même pas parlé du problème important lié aux ressources en eau qu’il faudra encore solliciter davantage dans le cadre d’un tel projet, dans une période où celles-ci commencent à poser des problèmes, et qu’il faudra plutôt les économiser dans l’avenir que les dépenser.

Quand la parole publique est donnée, elle engage non seulement celle ou celui qui la porte, mais bien notre commune tout entière, et il est important d’être sérieux, précis, et ne pas donner l’impression de naviguer à vue dans un océan de mètres carrés et d’euros, et surtout de rêves.

Beaucoup trop de questions sans réponses pour nos concitoyens concernant le projet d’Aime 2000 dans toutes ses composantes, font que nous ne pouvons adhérer à ce projet.

Nous ne sommes pas des anti-stations primaires, et pour cause, nous en vivons tous. Mais quand on nous présente des projets totalement démesurés, aux annonces à répétition qui évoluent au fur et à mesure de l’avancement du projet, (qui font que nous sommes loin de ce qui était annoncé au départ) en nous noyant dans un océan de superlatifs qui masquent souvent une vérité « arrangée », tel que cela sera démontré ultérieurement.

Tous dans notre situation auraient beaucoup de mal à adhérer à un tel projet.

Jacques Duc