Le réchauffement climatique

Le réchauffement climatique


Discours alarmiste ou réalité ?

Sans vouloir aller à contre-courant du discours ambiant, il y a ceux qui parlent du réchauffement climatique, et il y a ceux qui le vive au quotidien depuis bien plus longtemps que ce que beaucoup ne pourraient l'imaginer.

Ceux là, ce sont nous autres les montagnards.

Faut-il rappeler que si la vie est apparue dans nos montagnes aux alentours de 6000 ans avant J.C, c'est à la faveur du recul des glaciers amorcé 4 000 ans plus tôt à la suite d’un réchauffement climatique. (il y a 25 000 ans, ceux-ci recouvraient l'ensemble du massif alpin, atteignant même la région Lyonnaises jusqu'à Bourg-en-Bresse qu'ils recouvraient de près de 200 mètres de glace, Grenoble de près 800 mètres de glace, et Aime de près de 1200 mètres de glace ! )

C'est donc bien la fonte des glaciers depuis 10 000 ans qui a favorisé l'apparition de l'homme dans nos montagnes, sans quoi nous ne serions pas là aujourd'hui.

Je ne suis pas en train d'expliquer que nous devrions être heureux de pouvoir bénéficier aujourd'hui du réchauffement climatique qui a débuté il y a bien longtemps, mais tout le monde aura compris qu'il ne s'agit pas là d'un phénomène nouveau, et que paradoxalement, c'est bien le réchauffement du climat amorcé bien avant que l'homme n'ait été en mesure d'influer sur celui-ci, qui a permis la vie en montagne.

Pourquoi ce rappel ? Eh bien simplement pour dire que ce qui nous arrive maintenant et qui surtout va s'accentuer dans les années à venir était prévisible depuis bien longtemps, car il s'agit là d'une tendance de fond.

Cependant, il y a un élément nouveau à prendre en compte qui ne va pas faciliter les choses bien au contraire, c'est l'augmentation de la concentration des gaz à effet de serre qui accentue déjà, et va accentuer davantage le réchauffement de notre planète et précipiter les choses, et ça, ce n'est pas une bonne nouvelle du tout, et pas seulement pour les stations de sports d'hiver.

Notre principal problème, à nous autres montagnards, c'est que nous avons basé la totalité de notre économie depuis 60 ans sur un modèle qui va disparaître à plus ou moins brève échéance.

Il ne s'agit pas là d'un reproche fait à ceux qui ont vus il y a 60 ans à travers ce développement touristique un projet d'avenir, bien au contraire (puisque pour ma part je ne fais que les encensés depuis toujours), car j'ai vécu et je vis encore de leur oeuvre comme nous tous ici, mais ce modèle arrive à son terme et il va falloir malheureusement intégrer cela.

Beaucoup de nos stations de skis vont donc disparaître à plus ou moins brève échéance, et celles qui subsisteront un peu plus longtemps que les autres, vont avoir de sérieux problèmes. Compte tenu de ce que j'ai expliqué plus haut qui se trouve être déjà une tendance de fond, cela ne devrait donc étonner personne, et les études et rapports divers qui traitent de la question n'ont fait que mettre les projecteurs sur ce que nous montagnards à l'échelle de notre modeste vie avons observé depuis déjà longtemps.

Il est utile et indispensable de rappeler ici, qu’à l’heure où sont écrites ces lignes, 168 stations ont déjà disparu sur les 518 que comptait la France, et 190 sur le versant Italien des Alpes, comptage arrêté en 2011.

Rien que ces chiffres factuels résument à eux seuls tout exposé sur le sujet.

Même sans avoir connaissance de ces chiffres, je pense qu’il faudrait être aveugle ou mal connaître notre environnement montagnard pour prétendre le contraire.

Nous avons pu vérifier par nous-mêmes, bien avant que tous s’emparent de ce sujet, le recul ou la disparition même de nos glaciers.

Sous peu, chez nous à La Plagne, il faudra changer notre communication, nos plans des pistes, et nos cartes géographiques (pas qu’à La Plagne) car sur les deux glaciers que nous possédions, celui de Bellecôte à totalement disparu, et celui de la Chiaupe agonise (comme celui du Cul du Nant d'ailleurs également).

Nous ne pourrons plus à terme dire que nous irons skier au glacier, mais à 3000 mètres.

À l’échelle de ma modeste vie, j’aurai vu disparaître mon travail d’été avec le ski d’été, puis les glaciers eux-mêmes à jamais, et l’on parle de la disparition du ski lui-même à l’horizon 2080 voire même plus tôt dans le pire scénario, scénario qui a l’air d’être privilégié si rien n’est fait pour l’éviter, ce qui en prend le chemin.

On ne parle là de 10 000 ans, mais d’une échelle de 60 ans.

À part ça, tout va pour le mieux, et on continue à faire comme avant, comme si rien ne se passait, alors que tous les signaux sont presque au rouge.

Dans l’état actuel des choses, si l’activité ski devait se restreindre considérablement ou devait disparaître, notre modèle économique disparaîtrait avec elle et l’on subirait un gigantesque cataclysme en régions de montagnes avec des répercussions qui dépasseraient et de loin le cadre de celles-ci, vu l’impact de l’économie du ski au niveau régional et national.

Nous nous retrouvons donc en 2020, avec un choix à faire, comme en 1960, quand il s'est agi pour les visionnaires de l'époque d'imaginer un projet d'avenir qu'il leur fallait absolument trouver pour que notre vallée ne meurt pas faute d'activité économique.

Nous sommes exactement dans le même cas de figure, l'histoire se répète, et il nous faut anticiper l'avenir qui sera sans doute bien différent de ce que l'on connaît actuellement.

Qu'est-il imaginé comme plan B par notre maire ?

Eh bien pas de plan B, mais le plan A que l’on connaît depuis un grand nombre d’années de présence au sein des équipes municipales pour celui-ci, qui a consisté à cautionner une bétonisation méthodique, puis une fois aux manettes, à passer la vitesse supérieure en construisant à grande échelle, et il faut reconnaître que dans ce domaine notre maire est des plus efficace pour rajouter des lits de toutes parts en station comme en vallée.

Cela est dramatique, car il faut justement faire tout le contraire.

C’est près de 70 000m² de surface de plancher et près de 3300 lits supplémentaires entre le site d’Aime 2000 et celui Montalbert qui vont voir le jour très prochainement, soit en surface 6500 m² de plus que la surface au sol du Château de Versailles qui est ni plus ni moins que le plus grand château au monde.

N’y voyez aucune allusion de ma part à la folie des grandeurs du rois soleil Louis XIV, bien que même les grandes eaux seront présentes dans le projet d’Aime 2000, je veux parler ici du centre aqualudique…

Non seulement nos décideurs ne vivent pas sur la même planète que nous, mais ils ne vivent surtout pas à la même époque que nous, car nous ne sommes plus en 1660 au temps du roi bâtisseur.

Quand il s'agit d'imaginer ce que pourrait être l'avenir, il est toujours nécessaire de se rappeler de son histoire pour regarder les choses avec de la distance et de la hauteur. Nos décideurs actuels auraient été bien inspirés d'intégrer cela, eux qui ont la tête baissée en permanence et qui ne regardent que leurs pieds.

Aura-t-on, à l’avenir les ressources en eau potable suffisantes pour nos sites qui ne cessent de grandir ? La réponse est qu’il est plus que probable que non, pour ne pas dire non, car la réalité de l'accélération du réchauffement en marche laisse entrevoir le contraire malheureusement.

Nos glaciers disparaissent et les précipitations diminuent ou deviennent aléatoires.

Pour reprendre une phrase d’un rapport : « Il ne s'agit pas seulement de pleurer sur des gros morceaux de glace qui fondent : les glaciers forment des réserves d'eau douce capitales tant pour les écosystèmes que les activités humaines (irrigation, barrages, etc.) »

Si l'on soumettait notre problématique à venir à un enfant de 5 ans, avec comme image un verre d'eau qui se viderait plus vite qu'il ne pourrait se remplir, et dans lequel on déciderait de puiser davantage encore en construisant sans cesse, il est certain qu'il se dirait que ces adultes ne comprennent rien du tout et qu'ils sont devenus fous, et il s'empresserait de cacher une bouteille d'eau au cas où. Moins de neige ou de précipitation = moins d'eau, moins ou plus de glaciers = moins ou plus d'eau dès l'été, rajouter encore plus de monde = solliciter d'avantage la ressource en eau, etc.

L'équation est pourtant simple non ?

Cet enfant dirait alors à Mme le maire : « il faut arrêter de vider le verre madame, car à force il n’y aura plus d'eau »

« Ne t'inquiète pas mon petit, ça va bien se passer, je gère, j’ai même imaginé pour toi un beau et ambitieux projet de 2450 lits supplémentaires, avec un super centre aqualudique ou tu pourras t'amuser et nager ».

« Mais madame, si on a plus d'eau pour remplir le verre, on ne pourra pas remplir une piscine, se baigner et donner boire à tout le monde ».

C'est peut-être à ce moment-là que notre maire comprendrait qu'il est urgent de raisonner avec du bon sens à la manière d'un enfant, et de stopper cet expansion suicidaire, du moins je l'espère, et si ce n'est pas le cas, alors nous demanderons prochainement à nos concitoyens et en particulier aux enfants de notre commune, de faire preuve de bon sens sur ce sujet que l'on nous a imposé...

Je suis pour ma part certain que les ressources en eau vont poser de sérieux problèmes bien avant que l’on ne puisse plus skier, car nous pouvons déjà en voir les effets dans notre environnement à l'heure actuelle. Plus nous iront dans le temps, plus il nous faudra d'eau entre autres pour produire de la neige artificielle, neige qui est devenue indispensable pour assurer le bon fonctionnement de notre domaine skiable comme dans toutes les stations.

Certains oublient ou ne savent pas que de la neige est déjà produite artificiellement à 2500 m d’altitude sur notre domaine, et bientôt jusqu’à 2700 m au sommet de la roche de Mio, et que les retenues collinaires qui permettent le stockage d’eau nécessaire à la production de neige artificielle vont devoir être agrandies, et pour certaines, cela d’une manière très conséquente.

Je n’enfonce pas ici une porte ouverte en disant que ce n’est plus la nature qui fait le travail à 100%, et que sans l’intervention de l’homme qui compense le manque, voire l’absence de neige grâce à l’enneigement artificiel, nous aurions déjà de sérieux problèmes.

À cela on va me répondre que l'eau avec laquelle nous fabriquons cette neige artificielle n'est pas perdue puisqu’elle est stockée sous forme de neige et sera restituée au milieu naturel dès sa fonte. Oui évidemment, mais il arrivera un moment où il faudra choisir entre skier sur elle à l'état solide, ou la boire et l'utiliser pour les tâches quotidiennes. Ce choix a déjà dû être fait dans certaines stations. Que choisirons nous à votre avis ? Tout le monde à la réponse.

Qui dit hausse des températures, dit aussi problèmes en perspective pour fabriquer cette neige artificielle par manque de températures négatives, c’est le cercle vicieux parfait.

Certains vont nous dire, qu'avec les progrès technologiques, il est possible de s’affranchir de températures négatives pour fabriquer de la neige, mais à quel prix et avec quelle limite ? Tout cela n'a pas de sens, car il arrive un moment où nous ne pourrons plus aller contre la nature, car cette dernière finit toujours par gagner la partie.

Mon but n’est pas ici de noircir le tableau, mais de ne pas se cacher dans du : « on verra bien, pour le moment ça marche comme ça, et quelques jours de froid suffisent pour assurer l’enneigement artificiel pour l’hiver, donc pas de soucis, et nous avons suffisamment d’eau ». Certes, mais à quel prix, et pour combien de temps.

Ceux qui raisonnent comme cela n’engagent qu’eux-mêmes et ne voient pas plus loin que le bout de leurs spatules, mais quand on prétend gérer l’avenir d’une commune comme la nôtre, il est évidemment impossible de raisonner de la sorte, et comme gouverner c’est prévoir, il faut prendre en compte toutes les hypothèses, y compris les moins reluisantes, de manière à ne pas se retrouver au pied du mur sans solutions, ce qui nous serait reproché en plus, par les mêmes qui ne voyaient pas de soucis particuliers quelques années plus tôt.

Il nous faut donc sans attendre, nous mettre tous autour de la table, de manière à lister tous les scénarios possibles auxquels nous pourrions être confrontés à court terme, à moyen terme et à long terme, de manière à anticiper les effets possibles de ces scénarios sur notre environnement montagnard et notre économie locale dépendante pour l’instant en quasi-totalité du modèle lié au ski.

Je sais très bien que l’être humain en général a peur du changement, et que l’on a tendance à remettre à plus tard les décisions qu’il serait bien de prendre tout de suite concernant notre avenir, surtout si cela devait bouleverser nos habitudes ou alors impliquerai de changer complètement de cap.

Est-ce pour autant une raison pour ne rien faire concernant les possibles changements à opérer à la suite du réchauffement climatique, et se complaire dans du « on verra bien, cela a toujours fonctionné comme ça et ce n’est pas près de changer, ou encore, et si les experts se trompaient ? »

Le débat pour moi n’est plus de savoir si les causes de ce réchauffement sont dues à l’homme ou au cycle naturel de la terre qui oscille entre des périodes plus chaudes ou au contraire plus froides, ou à échafauder je ne sais quelle théorie qui ferait mentir ces prévisions peu réjouissantes, car nous sommes déjà impactés par la hausse des températures, et il nous faut impérativement réagir.

Notre environnement change depuis longtemps cela ne fait aucun doute, et va encore changer davantage c’est certain, nous sommes inscrits dans une tendance de fond.

Le propos n’est pas de savoir si nous allons droit dans le mur et à quelle vitesse, mais bien de savoir quand nous le percuterons.

Il n’y aura sans doute pas une alternative à mettre oeuvre pour faire face à ce changement de modèle à venir, mais des alternatives qui, conjuguées entre elles nous permettrons de surmonter les difficultés ou alors de passer de l’économie liée à la neige à un autre modèle, ou à un modèle à plusieurs visages.

Dans les mêmes proportions ? Cela n’est pas certain. Il faudra certainement envisager de réduire notre voilure dans beaucoup de domaines, car l’or blanc porte bien son nom, et s’il venait à faire défaut, il faudra faire avec moins d’or, ou alors sans or du tout, ce qui sera très, très compliqué.

Est-il raisonnable de continuer comme avant de construire à tout va, et à investir d’une manière irraisonnée dans un modèle qui va dans le mur et à marche forcée, se privant ainsi de mettre ces moyens ailleurs pendant que nous les avons encore, pour permettre une transition qu’il va falloir opérer à terme ?

Réponse : évidemment non.

Plus on construit, plus on amène de monde dans nos stations, et plus on contribue aux émissions de gaz à effets de serre responsables de l'augmentation du réchauffement climatique. Nous scions donc méthodiquement la branche sur laquelle nous sommes assis ou les spatules de nos skis qui nous permettent de skier.

Il y a également un aspect non négligeable à prendre en compte au niveau du changement climatique et de ses implications que peu ou pas de modèles prennent en compte, car il s’agit là d’un micro-phénomène très localisé.

C’est celui relatif aux effets de vents locaux comme les retours d’Est*, de plus en plus fréquents en périodicité et en longueur d’épisode. A l'occasion de ce phénomène, certaines stations positionnées près de la frontière Italiennes peuvent alors bénéficier de chutes de neiges exceptionnelles et très localisées, dont elles seules profitent. Le corollaire de ces retours d’Est se trouve être l’effet de foehn, qui atteint alors notre station mais pas seulement, en occasionnant un vent chaud dépourvu de précipitations.

Le réchauffement climatique à un impact direct sur l'ampleur de ce phénomène, en intensité, et en multiplication de ses épisodes, car il occasionne une modification de trajectoire des perturbations, qui viennent beaucoup plus souvent du sud-ouest, voire du sud, alors qu'une perturbation qui nous profiterait viendrait plein ouest, ou mieux du nord-ouest, ce qui nous garantit de la neige à coup sûr.

*Pour faire très très simple : une perturbation avance dans une certaine direction avec des masses nuageuses qui tournent en son sein sur elles-mêmes dans le sens inverse des aiguilles d'une montre. En venant globalement plus de la Méditerranée que de l'océan atlantique en direction des Alpes, une partie des masses nuageuses dans ce cas, passe de l'autre côté des Alpes en Italie, et tente dès que le relief le permet de rejoindre la masse nuageuse initiale, pour continuer de tourner avec celle-ci, toujours dans le sens antihoraire. Cependant, durant son trajet "Italien", cette masse a déversé en chemin eau ou neige suivant l'altitude et la température, et il ne reste plus que la masse d'air elle-même qui franchi les montagnes, tout en se réchauffant en redescendant dans les vallées.

La conséquence, et bien tout le monde l'observe à l'occasion des bulletins météo qui souvent annoncent de la neige sur nos massifs alors qu'en réalité, ils ne se passe rien.

Pour ceux qui ne sont pas experts en la matière, il suffit de regarder la direction des flèches qui indiquent la direction du vent sur les cartes météo, et dès que celles-ci pointent vers le nord, ou le nord-est , alors nous n'aurons pas de précipitations et plutôt de la chaleur que du froid, même si les présentateurs annoncent de la neige dans les stations alpines.

Il s'agît là d'un phénomène très localisé, qui ne peut pas être expliqué au niveau national quand il s'agît de donner la tendance générale.

Les choses ne sont donc pas aussi simples que cela, et le réchauffement climatique et ses conséquences suivant le lieu, a des effets plus ou moins importants ou pénalisants. Les choses vont donc certainement se compliquer pour nos stations de montagne à l'avenir, car ce réchauffement global n'est pas "compatible" avec nos activités hivernales existantes.


Chaque site possédant ses caractéristiques propres, il est évident que ce qui est valable 20 kilomètres plus à l’Est, ou dans le Beaufortin pourtant proche, ou plus au sud, n’est pas forcément valable chez nous à la Plagne. Le propos n’est donc pas de regarder ce qu’il se fait ou se fera ailleurs, ni à dupliquer les stratégies misent en place en des lieux qui ne nous ressemblent pas, sauf quand il s’agît de nous classer géographiquement parmi les stations de Haute Tarentaise, mais la comparaison doit s’arrêter là.

Il y a les tendances météorologiques générales, et les tendances locales, et le réchauffement climatique dans son aspect actuel ne peut pas être vu avec des effets qui seraient partout les mêmes en région de montagne.

À nous de prendre en compte les spécificités de notre site, et de s’adapter en fonction.

Pour trouver des solutions adaptées, il faut poser le problème tel qu’il est et ne pas se cacher derrière du : « on est une station haute, et si d’aventure nous devions avoir des problèmes, on les aura après tout le monde, donc il est urgent de ne rien faire, on verra cela en temps voulu ».

Ceux qui tiennent ce langage peuvent tout faire sauf être en responsabilité.

N’avons-nous pas nous aussi à la Plagne des stations satellites à l’altitude des stations dites "basses" ?

Cherchons plutôt tous ensemble ce que pourrait être notre avenir si l’économie lié à la neige devait poser problème, ou disparaître à terme.

Tout ce qui est fait dès maintenant dans ce sens ne fera que nous positionner comme les leaders de demain. Cela renforcera déjà notre modèle existant en nous rendant encore plus performants, et pourra remplacer celui-ci si toutefois nous serions amenés dans le futur à changer notre modèle que l’on connaît depuis les années soixante.

Les époques et les contextes changent, les mentalités doivent changer également. Il ne s’agît pas de prendre ces prédictions peu reluisantes comme de bonnes raisons de déprimer, ou comme quelque chose auquel on ne pourrait échapper, comme une fatalité, mais plutôt comme de nouvelles opportunités à saisir afin d’imaginer d’autres solutions pour continuer à vivre dans nos montagnes, et toujours grâce à elles.

Ne pas entreprendre ce travail de réflexion et d'anticipation dès maintenant, consisterait à prendre d'énormes risques pour notre avenir même au sein de notre vallée, comme en 1960, quand tous commençaient à la déserter. Ceux qui en douterait, n'ont qu'à imaginer ce que pourrait être une vie dans notre bassin Aimerain avec une économie presque uniquement liée aux sports d'hiver, qui péricliterait lentement sans avoir anticiper autre chose, et nous verrons bien ce qu'il en ressortira.

Dans cette hypothèse, il ne faut pas oublier également d'intégrer les coûts qui iront grandissants liés au fonctionnement de notre station, qui entameront sérieusement nos finances et précipiteront notre chute.

Dans l'état actuel de notre économie locale, si rien n'est fait pour la diversifier, l'avenir pourrait être bien sombre.

À nouveau, il ne s'agit pas là de ne noircir le tableau pour faire peur, il s'agit simplement de dire la vérité. Ceux qui vous diront le contraire et qui préfèrent sourire de tout cela en ne changeant rien au modèle que nous connaissons, riront nettement moins à terme que ceux qui comme moi auront abordé les chosent avec sérieux et méthode depuis longtemps. Ceux qui auront anticipé riront eux dans 20 ans de voir les optimistes ou inconscients d'aujourd'hui se mordre les doigts de ne pas avoir anticipé.

Quand on prétend accéder aux responsabilités, il faut faire preuve de responsabilité. On ne dirige pas une commune ou autre, avec de l'optimisme ou du pessimisme, mais avec du pragmatisme. Gouverner c'est prévoir, anticiper, imaginer tous les scénarios, et choisir le plus sûr dans l'intérêt ces administrés, le reste n'est que littérature.

Les choses vont devoir changer pour anticiper ces modifications majeures, et le changement ne passera pas par la continuité de notre modèle existant tel que nous l'avons connu, qui vise à augmenter sans fin la capacité de notre station. Seuls des inconscientes ou des inconscients qui se reconnaîtront sans doute peuvent croire à cette expansion sans fin suicidaire.

Il n’est pas nécessaire d’ajouter des problèmes aux problèmes, gérons déjà l’existant qui nous suffit amplement, en l’améliorant et en le rendant plus performant.

Je voudrais terminer par une " image-question " très parlante, pour faire un parallèle entre l'inaction face au futurs effets du réchauffement climatique, et au contraire leur anticipation.

Est-il plus aisé de changer le cours d'un petit ruisseau dès la source, ou de celui-ci quand il est devenu fleuve ?

Il est évidement plus aisé de prendre à bras le corps dès maintenant le problème du réchauffement climatique qui commence à nous poser des problèmes, en anticipant ces effets à venir sur l'économie liée au ski, plutôt que d'attendre et de se retrouver face à des problèmes insurmontables que l'on ne pourra pas résoudre, car pris trop tard, trop importants, et trop coûteux à solutionner.

Soyons unis, inventifs, innovants, et croyons dur comme fer comme moi en notre avenir dans notre belle vallée, avec ou sans neige à l’avenir.

Je suis intimement persuadé que la pérennité économique de notre vallée, dépendra plutôt de la mise en oeuvre d'un réseau de canons à idées plutôt que de canons à neige, car les canons à idées eux n'ont pas besoin de froid pour fonctionner, ni d'eau, ni d'électricité. Il leur faut juste de la matière grise, ce dont nous avons tous à revendre, à l'exception de nos décideurs qui rêvent eux, de projets "beaux et ambitieux", qu'ils ont soit mal gérés, soit imaginés en déconnexion totale avec le monde dans lequel nous vivons, et dans celui dans lequel nous allons vivre.

L'homme depuis 8000 ans a dû s'adapter pour vivre dans nos régions de montagne dans des contextes plus ou moins difficiles, il s'agit simplement pour nous aujourd'hui d'une étape de plus, une étape à réussir, rien de plus, rien de moins.


Jacques Duc